vendredi, avril 09, 2004

Chapitre 9 : L'illusion mise a sac

Le venin parvenu jusqu’au sol déclencha une secousse d’une amplitude sept sur l’échelle de Richter, autrement dit, il ne restait plus grand chose du sol et des environs de darkcampus. Leur fuite verticale se poursuivait plus avant quand ils parvinrent au repère d’Icarios. Tout était de la couleur du Mal absolu, des corps de femme édentées gisaient là impassibles attendant une fornication dégradante, leur visage n’était que souffrance. On voyait malgré leur jeune âge une certaine lassitude, le calvaire qu’elles enduraient quotidiennement était paradoxalement une délivrance car, le maître de ces lieux tenait à ce que chaque femme soit particulièrement mal traitée et ce, chaque minute de son règne. En cela, ce que l’on pourrait nommer l’acte sexuel était un moment de moindre douleur.
Le pied d’Artefact le faisait atrocement souffrir, le faible impact du venin malfaisant avait suffit à déclencher une douleur insidieuse, profonde. Comme si des fragments de cet être mauvais se déployaient en lui.

- Ma bien aimée vaut peut être un peu plus que ce pied, pensa ouvertement artefact.

Les autres sentaient maintenant cet esprit emplit de décadence s’emparer progressivement de leur camarade. Ces effroyables événements ne pouvaient éluder une inquiétude qui, en dépit de leur force mentale, pouvait progressivement anéantir quelques 342 années d’amitié. Revenant de ces pensées dissimulées au plus profond de leur moi intérieur, ils arrivèrent dans un endroit en tout point similaire à une salle qu’ils ont bien connus ...
Cette pièce était isolée dans l’espace, comme sortie de nulle part, elle était là posée tel un rat en train de dévorer une victime. L’air ambiant était légèrement flouté, empêchant nos héros de distinguer les multiples instruments qui n’attendaient que d’être manipulés ...
Loin de paraître inertes, les instruments de mesure (ils en étaient maintenant convaincus) paraissaient animés d’une vie propre.

- Vous n’avez pas l’impression de connaître cette pièce ? dit soudainement Colinéus
- La dernière fois que je l’ai vu c’était voyons ... se demanda Artefact
- Mais c’est bien sûr ! le laboratoire de physique atomique ! dit le troisième

Les instruments étaient en fait les appareils de mesure diaboliques ayant servis à l’anéantissement moral de moult étudiants dans la première ère.
D’instinct, ils reculèrent d’un pas, leur intuition était maintenant exacerbée depuis les rudes combats des guerres cloniques. Une table traçante aux dents haineuses fonçait sur eux à la vitesse de l’éclair, des bruits de mastication insupportables retentissaient dans toute la pièce qui était maintenant le temple des tortures que nul ne pouvait approcher sans éprouver soudain un vomissement convulsif …
Les griffes de la table monstrueuse cisaillaient l’air et manquèrent d’arracher l’oreille d’artefact, pris d’une soudaine envie de destruction complète et définitive, elle rebondissait sur les murs de l’enceinte avec des gémissements sadiques. Tout était évidemment dilué dans l’espace et le temps, leurs pulsations cardiaques les étourdissait. Ils voyaient tout à fait le jeux de cet instrument démoniaque : les hypnotiser de façon à mieux les fixer sur le papier millimétré, ils auraient l’air ainsi comme les autres courbes affichées aux murs, « de simples courbes de mesures ». En fait, les innombrables feuilles de travail représentaient des centaines de victimes écrasées sur le papier et modelées en courbes Gaussiennes.
Colinéus commençait à trouver le temps long : pourquoi continuer à rester dans cette pièce alors que la porte restait entrouverte ?

- Je vois dans tes pensées, dis soudainement artefact, n’y pense pas une seule seconde ou c’est la mort pour tous …
- Pourquoi ?, questionna Horion
- Le four les amis, pensez au four, répliqua Artefact
- Mais c’est bien sûr, la table traçante rebondit dans les coins de façon à réchauffer l’air ambiant, une fois l’air chauffé à une certaine température, le four libérera sa substance radioactive !
- Ah ouaip !, s’exclama Horion

Au mépris du danger, ils formèrent une combinaison savante que leur avait appris leurs ancêtres bien des années avant : la parade de l’atome fou.
Cette tactique se mettait en place à l’aide de trois personnages vierges de toute pensée malfaisante, d’un geste précis et fermes, ils devaient penser à bunaud the treator et faire un geste magique : replier vers la paume de la main leurs quatre doigts à l’exception du majeur.
A ce moment, le temps se figea et un spectre apparu :

- bouau cé fassille, prononça le bunaud

Cette parade était en fait à double tranchant puisque c’était un sort qui amenait le malheur et l’infamie sur la personne qui l’invoquait, mais si l’on était suffisamment agile, le sort pouvait frapper l’adversaire irrémédiablement.
Horion contemplait la table qui le fascinait, le « charme » commençait à agir. Soudain les deux métal warriors non contaminés tirèrent le troisième dans un coin et un éclair jaillit vers la table …

Les paroles prononcées furent alors d’une rare violence :

- unanphan deu sin qan pouré leufer
A ces mots, la table disparut dans le néant quantique.
- On a eu chaud hein ?, dit Horion hébété
- Tu l’as dit, répliqua Colinéus
- Tout cela n’est pas bien méchant taquina le troisième…