vendredi, avril 02, 2004

Chapitre 2 : Une cruelle Desillusion

Tant bien que mal, Maëlle réussit finalement à garder ses esprits. Il n'en demeurait pas moins vrai qu'il lui fallait absolument se reposer. C’était évidemment la moindre des choses après ces péripéties.
Dans sa bonté sans limites, J.T.G., notre Héros sans peur et sans reproches, se proposa généreusement de l’héberger quelques temps dans sa demeure secrète, où il pourrait lui prodiguer les soins adéquats et lui témoigner une profonde attention de tous les instants.
Sans aucune arrière pensée, il sacrifiait ainsi quelques heures de son temps précieux à une jeune fille éplorée et dans le besoin.
Maëlle ne sut refuser cette invitation, savourant secrètement sa chance. Bien qu’allant un peu mieux, elle prétexta une certaine faiblesse physique afin que J.T.G. la prenne dans ses bras de façon à goûter l’incommensurable douceur qu’exsudait sa poitrine énergique. En totale sécurité, elle s’endormit, extatique.
A son réveil, elle se découvrit allongée sur un lit de style victorien, et recouverte chaudement par une couette de coton moelleuse à souhait. Le lit reposait dans un coin d’une petite pièce confortable, quoique spartiate, qu’éclairait et réchauffait un feu joyeux en face duquel se trouvait J.T.G.
Ce dernier lui tournait le dos, aussi en profita-t-elle pour mieux observer son environnement. Maëlle se mit sur son séant et son regard fut aussitôt attire par les nombreuses lithographies qui recouvraient les murs couleurs blanc pur. Ces oeuvres représentaient des paysages idylliques, des scènes de joie dans des villages ou encore des personnages respirant le bonheur et semblant vous sourire. A part le lit, le mobilier était composé sommairement de quatre chaises quelconques autour d’une table, de quelques étagères où reposaient entre autres des romans de Masterton et d’un bar sur lequel étaient posées des bouteilles de Jack Daniel’s. De surcroît, il flottait dans l’air une agréable odeur de lavande et de roses mêlée. Maëlle n’avait jamais soupçonné qu’une telle volupté puisse exister.

Elle retourna son attention sur J.T.G. :

- J.T.G. ? susurra t elle, sans obtenir de réponse.

Comme suite à une soudaine impulsion, elle le désira ardemment. N’était-il pas le prince charmant de ses rêves en chair et en os ? Alors, présumant qu’il l’observait du coin de l’œil, elle entreprit de le séduire par des attitudes sensuelles et lascives. J.T.G. restant cependant impassible, elle poursuivit en émettant des gémissements sans équivoques possibles sur la nature de ce qu’elle recherchait. Elle n’était pas du genre à accepter un échec, même de la part de J.T.G. Se rappelant des leçons apprises par cœur dans les innombrables Playboy de sa collection, elle continua à se besogner farouchement. Elle était prête pour une nuit de bacchanale. Même le plus entêté des anachorètes n’aurait put lui résister.
Quand elle ressentit un subtil changement. Tout à coup, toute idée de plaisir charnel s’évanouit de son esprit.
A l’atmosphère ouatée d’il y a un moment s’était substitué un climat froid, glacial et de manière inexplicable... menaçant.
Dans l’âtre, le rythme des flammes semblait s’être ralenti comme si la machine originelle du temps universel s’était incroyablement enrayée. De plus, les ombres ne correspondaient à aucun des meubles de la pièce; les paysages et les portraits qui ornaient les murs avaient fait place à des scènes de massacres sanglants et à des pugilats morbides; maintenant, il régnait dans l’air des relents de remugles semblables aux déjections d’une bouche d’égouts mal entretenue. Enfin, et c’était le plus terrible, le mur s’était par endroits poissé de sang baveux mélangé à un liquide purulent, et en d’autres, il était recouvert de tas d’immondices inconnus et de viscères passées à la moulinette pour enfants : le tout donnant l’impression d’une tapisserie grotesque inachevée.
N’en croyant pas ses yeux, Maëlle, à nouveau affolée, chercha du réconfort vers J.T.G. qui allait, bien sûr, lui expliquer ce curieux phénomène :

- J.T.G. ? Appela-t-elle, la voix à présent empreinte, non plus de désir, mais d’angoisse justifiée.

Ce qu’elle entendit comme réponse lui fit parcourir d’innombrables frissons à travers l’échine. Elle n’aurait jamais voulu entendre cela: J.T.G., lui présentant toujours son dos, parla en ces termes, la gorge et la bouche paraissant être obstruées par des aliments non digérés :

- J.T.G. ? Mais je ne suis pas J.T.G. ! Je suis ta plus grande Terreur et je suis revenu grâce à toi ! En récompense, je vais t’anéantir ! Mais permets moi de me présenter : je suis celui qu’on appelle communément P...