mercredi, avril 14, 2004

Chapitre 14 : Le bestiaire maudit

Maëlle errait dans les couloirs sombres de sa prison, avec frénésie, elle observait les tentures de sang exposées le long des murs, les odeurs fétides jaillissaient avec violence, comme si ces effluves étaient personnifiées en diableries exhalant mille et une odeurs nauséabondes. Les yeux hagards, elle cherchait une issue à ce labyrinthe infernal, le sol était d’une rugosité extrême, une langue de chat sauvage était plus douce, comme si elle marchait sur une langue de Driesbakonosor, il était légèrement incliné, tant et si bien que de l’eau infecte ruisselait tel un serpent le long des murs, suintant toutes sortes de liquides jaunâtres et verdâtres. Elle aperçut soudain une petite créature qui ressemblait à ceux qu’elle avait pu voir dans l’amphi des tortures, un petit psycho à peine formé, ce qui lui servait de tête était parcouru par des fibres verdâtres, il possédait une énorme bosse dans le bas du crane et il n’avait pour bouche qu’un trou béant emplis de gelée visqueuse et malodorante on aurait dit que même lui subissait cette déchéance physique, il paraissait conscience de son sort peu enviable, à savoir être esclave de la famille Icarios, avec toutes les afflictions que cela entraînait …
Leur système de reproduction était fort simple puisque les psychos à la faible intelligence misaient tout sur la reproduction effrénée de leur progéniture. Ainsi, dès l’age de 2 jours, le psycho s’entraînait à besogner les autres de sa race et cela, peut importait le sexe opposé, il fallait qu’il se reproduise coûte que coûte …
Les erreurs génétiques étaient alors fréquentes si l’on considérait les accouplements consanguins, d’une banalité quotidienne …
Ainsi, le dit psycho possédait des pouvoirs surnaturels et il en abusait ardemment, la base de son crane surdimensionnée ruisselait de liquide sirupeux qui, si on le dosait avec parcimonie, pouvait devenir une potion aux pouvoirs étranges : le même remède dosé au micro gramme pouvait guérir certaines blessures mais mal dosé, il décuplait cette même blessure. Son petit corps était parcouru de spasmes et l’on pouvait prédire que ce psycho avait été exclu de sa famille pour non conformité aggravée.
Maëlle s’arrêta et lui demanda pénardement

- Comprends tu ma langue ?
- yep
- Quoi yep ?
- Yep, yep
- Tu trouves ça drôle ?
- Ta mère dans les prés, lui lança le psycho
- Donc tu parles notre langue, dit Maëlle
- Ta mère dans les près avec des vaches torturées, rajouta le psycho
- Quel est ton nom ?
- Yep mon nom, yep
- Méfie toi ou je vais appeler Icarios bluffa Maëlle
- Nop nop moi Menthalio, moi Menthalio
- Bien Menthalio, sais tu où se trouve la sortie ? questionna Maëlle

Le psycho entra dans une nouvelle phase de démence

- sortie aux orties, ta mère dans les orties !
- Bon très bien, en somme tu es totalement inutile, s’exclama Maëlle
- Nop, nop, moi utile, moi esclave de toi ! supplia le psycho
- Ta mère qui suce la lave, enchaîna Menthalio
- Toi mon petit ami, tu dois être atteint du syndrome de Tourette, je me trompe ? questionna Maëlle
- Tourette, pouet pouet, répliqua le psycho

A ces mots, Maëlle sut qu’elle ne pourrait rien en tirer et elle commença à partir. Son désespoir était immense, ses trois héros lui manquait atrocement, c’était comme si son esprit dépendait de leur intelligence pleine de fantaisie. Le psycho qui n’avait pas compris son inutilité persistait à suivre Maëlle en tournant autour d’elle, comme un ballon égaré. Maëlle sentait tout autour d’elle ces présences maléfiques si particulières dans Darkcampus, l’air était vicié et lui laissait un goût de plâtre dans la bouche, comme si elle avait bu des centaines de petits Grégory et qu’ensuite elle eut fumé un gros cigare.
Elle continuait d’errer dans ce labyrinthe sordide quand tout à coup, elle vit les spasmes du psycho se décupler, comme s’il sentait un danger imminent …

- Nop nop pas, pas ira là, nop, avertissait le psycho
- Tu me parais bien effrayé, gronda Maëlle
- Nop, plein psycho morts là dedans, plein êtres, plein de choses j’ai pas bonne enchérissait la petite créature
- Apprends à parler le Français que diable, exprime toi correctement !
- Toi, toi, moi psycho toi pas entrer, nop, pas entrer

Continuant peinardement sa route, Maëlle ignora les avertissements du psycho.

- De toute façon, il ne peut rien m’arriver de pire que ce que j’ai vécu jusqu’alors pensa-t-elle

L’odeur était de plus en plus insupportable quand soudain, elle vit posée à même le sol une tête de psycho, elle se décida à la ramasser mais elle était comme clouée au sol
Elle se décida à examiner ce visage putréfié quand soudain elle fut effrayée par une bestiole sortant de l’œil du reste du psycho. Elle était énorme, gluante et à la peau écailleuse.

- Polonouze, Polonouze, nop, nop dévoreur de psycho, Menthalio peur ! brailla le psycho
- Vas-tu bientôt arrêter de geindre ? gronda Maëlle

La bouche du Polonouze s’ouvra tout à coup, une gueule béante et énorme sortit de ce petit corps, il manqua d’arracher le bras de Maëlle. Mais elle avait les nerfs à vif et ses réflexes étaient intacts malgré les souffrances passées, elle jeta le Polonouze en un éclair vers Menthalio dont la joue gauche était maintenant l’objet de mastication insupportable. Ce geste malheureux n’était hélas pas prémédité …

- ahhhh, hurla Menthalio

Maëlle s’empara en un éclair de la tête morte du psycho et la lança vers le Polonouze assoiffé, l’impact provoqua un nuage fais de pus et d’os rongés, la puanteur qui y régnait était bien pire que les odeurs précédentes, des larves de Polonouze s’agitaient dans la tête à moitié rongée.
Le monstre lézard repris son ancien garde manger et suçota le reste de la tête restée là béante sur le sol.

- mal, nop moi mal, se plaignit le psycho avec sa joue à moitié dévorée …