jeudi, avril 15, 2004

Chapitre 15 : Dégénérescence événementielle

Tandis que Maëlle, qui ne portait toujours que ses sous-vêtements sexy mettant en exergue ses appas alléchants (précisons le pour l'intérêt et surtout pour le suspens de l'histoire), faisait la connaissance de Menthalio, Pestilence, Punisher et Pénétrator étaient parvenus à atteindre, cahin-caha, un autel établi en l'honneur de Hominéral. Cet autel, qui était situé à l'intérieur même du sanctuaire du démon dernier cité, se dressait là, dans une attitude altière et imposante, tel un étron déposé pernicieusement au beau milieu d'un trottoir.
Les trois démons déchus et décatis se prosternèrent cérémonieusement puis invoquèrent leur maître par une obscure et inintelligible litanie. Peu de temps s'écoula avant que Hominéral ne se manifestât.
Ce démon suprême n'avait pas d'enveloppe charnelle, c'était juste une ombre, une entité, la substance-source de tout mal. Cette non matérialité l'empêchait de se rendre lui même sur Terre afin d'y faire exécuter en personne ses noirs desseins. Par conséquent, pour répandre le mal, il devait se fier à ses plus fidèles serviteurs qui d'une certaine manière étaient ses représentants au delà de Darkcampus. Ils avaient pour mission de propager le mal dont Hominéral se repaissait. Il en allait de même pour Gnôle qui ne pouvait aller à Darkcampus. Il s'était donc vu dans l'obligation de faire appel aux Métal Warriors pour infiltrer cette dimension mal famée.
On assistait ainsi à une espèce d'équilibre des forces : aussi bien le Mal que le Bien disposait de son propre univers qu'il gérait comme bon lui semblait, chacun ayant la possibilité d'influencer l'autre par l'intermédiaire de démons ou de chevaliers.
Toutefois, suite à la cuisante défaite de Hominéral contre ces Métal Warriors lors de la dernière confrontation, celui-ci avait été victime d’un certain discrédit aux yeux de quelques démons à l'image d'Icarios. Ces traîtres, comme il les surnommait, préféraient faire cavalier seul sans se préoccuper de leur créateur. Ce manque de supporters l'avait affaibli, de telle sorte qu'il ne pouvait plus apparaître qu'à ses autels et bien sûr dans sa Crypte. Heureusement pour lui, ses trois derniers puissants fidèles étaient les seuls à être capables de supporter sans contrainte et suffisamment longuement la dimension de Gnôle. Ils étaient donc les plus importants pour cet esprit colonialiste. En particulier Pestilence qui avait pris une part non négligeable à faire de Darkcampus un monde de chaos perpétuel.

- Alors ? Vous revenez en bien piètre état, constata Hominéral sur un ton acerbe en dévisageant ses sujets.

Il ne put cependant réfréner un ricanement sardonique alors que son regard se posait sur le propriétaire de ce sanctuaire.

- Bobo quéquette, gémit le redoutable Pénétrator.
- Nous n'avons pu tuer l'Elue à cause de... , commença Pestilence.
- Oubliez cela ! vociféra le démon suprême. J'ai bien peur de m'être fourvoyé par précipitation en vous imposant de l'éliminer. Il n'en est plus question. Je perçois en effet chez elle des vibrations étranges qui m'incitent à penser qu'elle n'est pas aussi fragile et innocente que le laisse supposer de prime abord sa personne. J'ai dans l'idée qu'elle est l'Humaine que j'attends depuis des siècles et des siècles, celle en qui le Pouvoir Originel de la Vie est présent et donc celle en qui je pourrais m'incarner physiquement et
ainsi pénétrer la dimension de Gnôle afin d'y régner en maître absolu !
- Ouâw ! Ah ben ça alors, s'exclama Punisher, admiratif.
- Hé ! Hé ! Hé ! reprit Hominéral. Je sais néanmoins que cela comporte quelques risques. Son pouvoir est peut-être si grand qu'elle peut me détruire si elle désire... à condition bien sûr qu'elle soit consciente de ce pouvoir et le maîtrise... ou alors Gnôle m'a devancé et est déjà en elle dans le but de me liquider... mais peut-être que si c'est le cas, il n'a pas maîtrisé cette force et sommeille en elle... Mystères ! Toujours est-il qu'il me la faut au plus vite !
- Mais..., et les Métal Warriors ? risqua Pestilence.
- N'avez vous pas lu mon opuscule ? morigéna Hominéral. La technique de combat pour les exterminer y est clairement décrite.
- Mais j'trouve pas la page, confessa Pestilence d'un
air contrit.
- Et le sommaire, c'est fait pour quoi pauv'tachon ! Il a été rajouté à la dernière édition.
- Gloups... (sanglots)
- Bon, ouste maintenant, au boulot ! Moi, j'ai un tournoi de belote sanguine qui m'attend.

Au même moment sur Terre, les forces de l'ordre étaient en alerte depuis la disparition inexpliquée trois jours plus tôt de quatre étudiants de licence physique : Maëlle, Frank, Manu et Jacky. La police ne disposait d'aucun indice ni d'aucune piste, et ce en dépit d'une fouille minutieuse chez ces quatre jeunes gens.
Effectivement on ne trouva rien de suspect ou de prohibé dans le taudis insalubre de Jacky parmi ses grenades, ses fusils-mitrailleurs, ses ogives nucléaires, ses fulguro-points et ses sabres-lasers. Rien non plus chez Frank mis à part une combinaison du personnage "La Denrée" de "La Soupe Aux Choux" avec des enregistrements des célèbres onomatopées "Bouloublouloulou" dont Frank avait tenté d'extraire des mots de vocabulaire et des règles de grammaire ; en vain visiblement. Rien non plus chez Manu si ce n'est, cachées tout à fait précautionneusement sous le matelas de son lit, une culotte et une cape rouges ainsi que l'intégrale en cassettes vidéo de "Loïs et Clark, les nouvelles aventures de Superman" alors qu'il avait toujours prétendu détester cette série.
Enfin rien non plus chez Maëlle excepté la disparition d'un récent nounours et, sur sa table de chevet, la présence insolite du portrait de l'un de ses profs au sourire simiesque, Monsieur PAUMIER, avec à ses côtés un livre intitulé : "Comment bien vivre sa grossesse".
Rien de concluant donc, d'autant que le prochain repas de famille pour chacun n'était pas prévu pour avant plusieurs mois, et par conséquent il était parfaitement inutile de déjà songer à fuir.
Du fait de l'incompétence de la police, les familles des disparus décidèrent de s'unir afin de mener leur propre enquête officieuse. Comme dans tout groupement tribal, ils élirent un chef pour les représenter. Ils optèrent pour Dorothée, la sœur de Manu, car son air pincé et renfrogné ne manquait de persuasion et de détermination. Elle n'était pas s'en rappeler son frère de par son allure veule alliée à sa démarche affaissée et traîne-savates. Certes, les autres membres évoquèrent entre eux le souhait de lui voir
changer de prénom car il est vrai que "Dorothée" ne faisait pas très sérieux, mais au moment de le lui dire, tout le monde se contenta de fixer ses chaussures et de se taire par crainte de se ramasser une réplique cassante.
Sous la tyrannie de Dorothée donc, ils firent appel à deux organisations férues des phénomènes paranormaux : le Centre du Rayonnement Occulte de l'Université des Sciences (le CROUS) et l'Union Nationale des Evénements Farfelus et des Idées Délirantes (l'UNEFID). Hélas, elles étaient aussi perplexes que la police !
Seuls l'énigmatique professeur Groquik d'origine austro-hongro-moldavo-ukraino-atlantido-sadomaso-saturno française et son associée la physicienne polonaise Olga Lavachmilka leur proposèrent une aide sérieuse.
Tous les deux étaient spécialistes dans la recherche sur les voyages interdimensionnels...