lundi, avril 26, 2004

Chapître 26 : La loi de la concurrence

- Mais arrête de déconner Artefact ! C'est quoi cette nouvelle fadaise ? se moqua Colinéus.

- Si, si, je vous jure, y'a des humains dans des armures romaines là-bas, insista l'Erudit parti en éclaireur.


Les 3 supers héros, qui maintenant ignoraient totalement où pouvait être Maëlle, avaient marché en direction du nord-ouest après le choix concerté et réfléchi du "Amstramgram pic et pic et colegram". Artefact, heureux comme un roi d'avoir retrouvé sa pleine condition physique, était parti légèrement en avant et, tandis que sous le couvert des nuages la luminosité allait diminuant en prémices d'une nuit prochaine, il venait d'apercevoir un groupe d'hommes à une centaine de mètres sur la gauche.

- Bon sang, tu avais raison, dit Horion une fois qu'il eut regardé dans la direction que lui indiquait son ami.

Cependant, cette vision qui pouvait sembler incongrue en plein cœur de Darkcampus, ne les troubla pas plus que ça. Effectivement, après ce que leur avait raconté Lovecraft, ils étaient préparés à voir tout et n'importe quoi. Du moins, ils le souhaitaient. Les Métal Warriors émirent les hypothèses suivantes, à savoir que tout démoniaque qu'il fut, Hominéral n'avait peut-être pas pu empêcher le développement des hommes ou encore que ces hommes s'étaient regroupés après s'être sauvés de Friskies ou après avoir été victimes de Tunnels d'Existence. Ils optèrent pour les rejoindre. Toutefois, alors que les chevaliers approchaient de ce groupe d'une vingtaine d'hommes, leur allure tout d'abord décidée se fit de plus en plus hésitante. Et pour cause, ces hommes et ces quelques femmes affichaient tous un air patibulaire et tous sans exception portaient un glaive ou une arme contondante. Une femme à forte poitrine qui était à l'arrière du groupe avait été la première à apercevoir les chevaliers et en avait averti ses compagnons. Maitenant, ils étaient tous de front et attendaient que notre boys'band s'avançât un peu plus, tout en serrant plus fermement leur arme.

Arrivés à environ 10 mètres de ces humains, les Métal Warriors préférèrent s'arrêter. Car même s'ils avaient rapidement conclu qu'ils n'avaient rien à craindre de ces pauvres diables et qu'ils pouvaient n'en faire qu'une seule bouchée en un clin d’œil, ils ne souhaitaient pas créer d'incidents diplomatiques et figurer à la une des journaux du lendemain. L'un des humains, un petit homme replet au visage ambré et buriné, prit la parole en s'adressant aussi bien à nos idoles qu'à ses compagnons :

- Baissons nos armes. Il est clair que nous ne sommes pas ennemis.

Puis, à l'attention d'un escogriffe dont la tête qui paraissait être montée sur ressort eut pour effet immédiat d'agacer Horion, il ajouta :

- Paltemps, va donc faire partager nos provisions avec nos nouveaux amis. Ils m'ont l'air d'avoir faim.

Le dénommé Paltemps opina et s'exécuta. C'était bien sûr une invitation qui avait pour but de détendre l'atmosphère. Et cela fut très convaincant. Les chevaliers ne se firent pas prier pour passer à table et très vite la petite troupe se mit à converser tous ensemble.

Tout le monde assis en cercle, la femme aux gros seins bombardant d’œillades un Colinéus qui se donnait beaucoup de peine à garder son calme, les chevaliers apprirent que le petit homme grassouillet se nommait Guili et qu'il était le chef de Tungwatdon, un village plus loin au sud. Lui et ses hommes avaient entrepris ce voyage pour une mission très importante et extrêmement dangereuse justifiant le port d'armes. En fait, il s'avérait que l'eau douce était un élément rarissime en Darkcampus et que la rivière qui alimentait leur village s'était peu à peu polluée. Ils en savaient la raison parce que ce n'était pas la première fois que cela se produisait. Ainsi donc, ils devaient se rendre en amont, dans le Territoire Pourpre de Biff, dit le Maniaque à la Pelleteuse, un monstre d'une cruauté insensée qui passait son temps à chasser tout ce qui ressemblait à un être vivant, à le trucider et à l'entasser dans sa propriété. Et c'était certainement en raison d'un afflux récent de bidoche fraîche que la rivière s'était vue encombrée de macchabées agonisant, des macchabées que Guili et les siens devaient dégager du lit de leur source de vie pour la sauvegarde de leur peuple.

- Il est vraiment aussi terrifiant que cela ce Biff ? douta Colinéus. Et d'abord, à quoi il ressemble ?

- Nul ne le sait ! répondit Guili. Tous ceux qui l'ont vu n'ont pas été à même de nous le décrire. S'ils l'ont vu, c'est qu'ils en étaient trop près et qu'ils en sont morts. Seule Hara, la petite fille qui nous accompagne l'a aperçu de loin. Hara ! Explique à nos amis ce que tu as vu.


Mais ce qu'on demandait à la fillette était pire qu'un calvaire. Elle put seulement blêmir. Ensuite elle se couvrit la figure de ses mains en écartant légèrement 2 doigts de telle sorte que seuls ses yeux étaient visibles. Elle voulait exprimer par là qu'on ne pouvait décrire et regarder un être d'une telle immondité abjecte.

Ce geste surprenant troubla les chevaliers. Cependant, et bien que leur mission principale consistait à retrouver Maëlle, ils se proposèrent d'aider ce peuple d'humains.

- C'est que..., hésita Guili.

- C'est que quoi ? interrogèrent les chevaliers.


- C'est que tel n'est pas votre rôle, malandrins ! leur répondirent 2 hommes montés sur des chevaux et qui venaient d'arriver.

- Vous êtes qui vous ? voulut savoir Colinéus.


- Je suis le Vengeur Masqué, se présenta celui qui était habillé comme un mousquetaire. Et ne vous hasardez pas à rester en travers de mon chemin. Regardez ce dont je suis capable.

Sur ces paroles, le Vengeur Masqué tira son épée et lui fit faire un mouvement rapide de bas en haut : plus loin un arbre se divisa en 2, comme victime de la foudre.

- Alors, impressionnés, faquins ? fanfaronna-t-il.

- Moi je suis le Vengeur Solitaire, dit le second cavalier dont la musculature mise à nue était sincèrement impressionnante.

Il avait pour arme un canon laser qui avait pour don de désintégrer tout objet comme il leur en fit la démonstration.

- Alors qu'en pensez-vous, cuistres ?

- Hum, sans doute les héros locaux, pensa Colinéus.

- Hé, c'est pas bientôt fini de nous insulter, vauriens ! s'énerva Artefact. Vous ne savez pas à qui vous avez affaire.

- Sacrebleu, quel toupet ! fit le Vengeur Masqué.

Sur ce, il descendit de cheval, s'approcha de l'Erudit et, ayant retiré son gant, il lui infligea un soufflet. Artefact, abasourdi et rouge de colère, ne remarqua pas le Vengeur Solitaire qui, flegmatique et hautain, le calota de la même façon en disant :

- Quand nous en aurons terminé avec cette affaire, nous règlerons notre contentieux.

- Non, cette fois c'en est trop ! hurla l'Erudit en empoignant sa craie.

Mais Horion le retint. Il venait de s'entretenir à voix basse avec Guili et il avait appris que son peuple avait engagé ces 2 mercenaires afin de les épauler. On pouvait dire que ces 2 vengeurs étaient des légendes vivantes à leurs yeux et leur seule présence insufflait à ses hommes courage et volonté. Par conséquent, mieux valait ne pas se mesurer contre eux, même si pour le trio, ces mercenaires n'étaient guère dangereux.

- Il ne faut pas leur montrer qui nous sommes, dit Horion à ses collègues, de façon à ce qu'ils ne nous considérent pas comme des rivaux potentiels. D'autant qu'on leur a promis 20 000 diracs, ce qui au cours actuel équivaut quand même à environ 640,58 francs. D'un commun accord mais avec la frustration de ne pas avoir à se mettre en valeur, eux les amateurs d'applaudissements, ils promirent de rester passifs et de simplement accompagner Guili et se compagnons.

- Très bien, acquiesça le Vengeur Masqué. Du moment que vous ne nous génez pas, espéce de gueux !

- En route vers le Territoire Pourpre, mécréants, enchaîna le Vengeur Solitaire.